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CGT-e info n° 13 - 14
dimanche 28 janvier 2007
trouv sur http://www.fondation-besnard.org/ar...
(Fin de rédaction 24.01.07)
Evocation globale socio économique voir n° 2
Résumé bref !
– Agressivité des multinationales espagnoles dans le pillage du tiers monde et de l’Amérique latine en particulier (héritage des conquistedores) ;
– Stagnation et baisse du niveau de vie, avec perte des acquis, pour la majorité des salariés ;
– Rideau de fumée sur la répression franquiste et la récupération de la mémoire historique.
Contenu :
– 1) Luttes en cours
– 1-1Rail Gourmet
– 1-2 Mercadona
– 1-3 Manif anti Otan,
– 1-4 mouvement contre la précarité et pour un logement digne
– 1-5 Relatos para pensar
– 1-6 Les mouvements sociaux en Galice
– 1-7 L’attentat de Barajas, position de la CGT, 1- 8 internationalisme de la CGT Aveux d’un soldat israélien : "Nous traitons les Palestiniens comme des animaux"
– 1-9 Résumé d’une discussion à la demande du SI de la CNT-f avec trois camarades actifs de Solidaridad Obrera
– 2) Sacré pays
– 2-1 La Police nationale réprime une manife spontanée de voyageurs dans le Métro de Madrid
– 2-2 Papa et maman étaient des émigrants sans papiers
– 3) Récupération de la mémoire
– 3-1 Communiqué (19.12.06) Position de la CGT sur la loi de Mémoire historique
– 3-2 La “Salle militaire” du Tribunal ...
– 3-3 Sur la récupération de la mémoire historique
1) Luttes en cours
1-1 A-Infos (15.01.07) CGT L’entreprise Rail-Gourmet licencie à nouveau les travailleuses réintégrées
En avril 2006, Renfe Operadora [équivalent de la SNCF] a organisé un concours pour la prestation des services dans les gares, notamment pour les lignes de TGV, qui désigna l’entreprise Eulen. Lorsque le 1 juin 2006 les travailleuses du service de lignes TGV de la gare de Séville Santa Justa se sont présentées à leur poste de travail, elles ont trouvé leurs places occupées par des travailleurs de l’entreprise Eulen.
Face à cette situation, avec le soutien et la coordination dès le départ de la Section syndicale de la SFF-CGT, la manœuvre de l’entreprise Rail Gourmet a été dénoncée. Rail Gourmet a été condamné pour licenciement infondé à cause de la plainte déposée par la CGT. L’entreprise a choisi de réintégrer trois travailleuses en les nommant à la “Sale des Autorités” à partir du 1er novembre.
Au début de 2007 Rail-Gourmet commet une nouvelle agression contre la dignité des personnes et des travailleuses de ces camarades, qui revivent un cauchemar : on les fait travailler le 1 janvier alors qu’elles ne sont plus inscrites à la Sécurité Sociale ; le lendemain on leur interdit d’accéder à leurs postes de travail, en les menaçant d’être expulsés par les services de sécurité de la gare.
La CGT dénonce cette situation et prend la défense des camarades.
1-2 A-Infos (17.01.07) [Valladolid] 500 personnes manifestent contre Mercadona [voir les bulletins précédents]
A-Infos (20.01.07) [Valladolid] Sabotage dans un Mercadona : Les vitres d’une porte éloignée et des caddys proches ont été brisés et abîmés par un engin incendiaire. Sur le mur un bombage « œil pour œil, à cause de Barcelone ». Un communiqué évoque la violence patronale contre les travailleurs.
[Commentaire personnel : apparemment, il n’y a pas encore de compte-rendu clair de la gestion du conflit depuis mars 2006, rapports entre la base des grévistes et les délégués nationaux de la CNT.]
1-3 A-Infos (17.01.07) [Zaragoza] 21 janvier : Convocation contre l’Etat anti-OTAN-
Manifeste de la Plateforme contre la base de l’OTAN à Zaragoza (lancé par la CGT, note du traducteur)
Le ministère de la Défense veut installer à Zaragoza la future base principale de surveillance de l’OTAN, le “Système allié de surveillance du territoire” (Alliance Ground Surveillance, AGS). Rappelons que l’OTAN assume de plus grandes responsabilités dans la guerre en Afghanistan. Le Comité militaire de l’Alliance atlantique examine en ce moment les candidatures existantes et pour la seconde semaine de novembre 2006 et il peut prendre, avec l’accord du gouvernement central, de la DGA organisme militaire] et de la mairie de Saragosse, la décision de lancer une nouvelle installation de l’OTAN.
–
Davantage d’armes, plus de guerres, plus de morts. C’est pour ces raisons que nous Manifestons.
Parce que l’OTAN est une organisation militaire subordonnée aux intérêts des USA, qui ont causé les plus grands conflits armés qui touchent et ont touché l’Humanité depuis le milieu du XX siècle (Yougoslavie, Afghanistan, Irak...).
Parce que la résolution des conflits ne doit pas passer par les agressions armées et l’escalade des armements, mais par le dialogue, le respect et la justice sociale dans les rapports entre les peuples. [...]
Quelques données pour réfléchir : 33 % de la municipalité de Saragosse et 2 % de l’Aragon est occupé par des terrains militaires. Le champ de manœuvres de San Gregorio est le plus grand d’Espagne et las Bardenas le polygone de tir le plus grand d’Europe. La recherche militaire en Espagne reçoit 26% de plus en 2006 qu’en 2005. Rien que les entreprises liées à la recherche militaire touchent le double que toutes les universités espagnoles et le CSIC [CNRS] pour la recherche civile. L’Espagne est le second pays au monde pour le plus grand pourcentage accordée à la recherche militaire mais le deuxième de l’OCDE qui consacre le moins à la recherche et au développement civils.
[Commentaire personnel : depuis les accords de 1953 entre Franco et les Etats-Unis les bases nord-américaines en Espagne (Rota en Andalousie pour des sous-marins nucléaires), Torrejón (Madrid) et Saragosse pour l’aviation, sont des sanctuaires ou des fiefs essentiels du pentagone qui fonctionnent en dehors de tout contrôle espagnole. On l’a vu à trois reprises en politique international : les deux guerres contre l’Irak et les enlèvements effectués par la CIA avec plus d’une centaines de vols irréguliers sur des aérodromes civils espagnols.]
La manifestation à l’appel de la CGT - Aragon (anarcho-syndicaliste) et de La "Plateforme contre la base de l’OTAN", dimanche 21 janvier 2007, à Saragosse a été un franc succès.
De 12 h à 14h, 25 000 personnes, parmi lesquelles un cortège imposant et dynamique de la CGT mais aussi de la CNT espagnole, ont arpenté les rues de la capitale aragonaise aux cris de : "OTAN fasciste, criminel et terroriste »,"Dehors l’OTAN ! Dehors de l’Aragon !", "contre le militarisme ! anarcho-syndicalisme !".
Pour l’occasion, la CGT avait mobilisé au niveau confédéral. Des bus, en provenance de Catalogne et de Madrid entre autres, avaient convergé vers Saragosse. Cette manifestation est une première victoire : elle a attiré beaucoup plus de monde que la précédente mobilisation en décembre 2006.
Elle représente, aussi, une belle satisfaction pour nos camarades de la CGT Aragon. Cette dernière a réussi un double pari :
– être à l’initiative et réunir dans un même collectif les forces vives du mouvement social espagnol (des communistes d’IU - gauche unie - aux libertaires de la CNT espagnole) ;
– être à l’initiative d’un mouvement de masse.
Le Secrétariat International de la CNT salue cette belle mobilisation.
1-4 La CGT communique : manif le 20 janvier à Madrid organisée par le mouvement contre la précarité et pour un logement digne. « Il est possible que tu ais été dans des sit-in et des manifestations pour un logement digne, ou à d’autres manifes qui ont lieu depuis le 14 Mayo 2006. Des actions pendant lesquelles de façon pacifique et festive on a réclamé la mise en place de ce qui est supposé garantie par la constitution : un logement digne.
Comme seule réponse, le gouvernement a envoyé à la police pour réprimer les expressions de protestation en cours. Par l’usage des arrestations et des blessés, on a c herché à effrayer tous ceux qui ont demandé leurs droits. Nous ne voulons pas être des héros ou des martyrs, nous ne voulons pas descendre dans la rue en ayant peur... Ils ne nous feront pas nous taire. [...]
Parce que nous savons que s’ils ont l’impunité, ils recommenceront, parce que la peur s’empare peu à peu de nous si nous sommes seuls, mais si nous unissons maintenant et si nous descendons dans la rue sans peut on y arrivera.
Pas un blessé de plus, pas une arrestation dans les luttes pour les droits élémentaires. « On en a marre des raclées, un logement digne tout de suite » Assemblée contre la précarité et pour un logement digne.
1-5 Relatos para pensar [des récits pour penser] est une étonnante initiative : une brochure au format très rectangulaire (10,5/21), avec une couverture accrochante : un profil noir sur fond rouge, inversé en dernière couverture, édité par la section syndicale du groupe Banco Popular (dépendant de l’Opus Dei). La présentation indique qu’au moment des élections syndicales, les salariés sont sollicités d’où une de campagne électorale marquée par « une forte tension compétitive et une saturation de propagande qui, reconnaissons-le, peut avoir des effets négatifs sur la réponse de l’électorat. À la CGT nous avons pensé que ça pouvait être une bonne idée pour, nous donner et vous donner un peu de répit face à tant de ce saturation, de vous offrir ce petit livre de contes où apparaissent certains des paradoxes de la condition humaine, présent aussi bien dans le passé que dans l’actualité, et qui nous font réfléchir sur l’hypocrisie et la justice de notre monde, ainsi que sur la sagesse de la personne a un peu lorsqu’elle aspire avoir des rapports fraternels avec ses semblables, finalement cela. Nous espérons dans la CGT, et ce pour quoi nous allons au-delà de l’aspect immédiat de l’action syndicale concrète. »
Encore plus étonnant, les récits viennent de plumes classiques de la littérature et de périodiques publiés entre 1891 et 1902. Même si le style a parfois vieilli, les récits sont percutants. C’est peut-être un exemple à reprendre dans la CNT ...
1-6 Les mouvements sociaux en Galice : vers de nouvelles formes de participation politique, analyse lutte des citoyens quatre ans après le naufrage du ‘Prestige’ par Roi Ribeira (membre de l’association de jeunesse nationaliste ISCA), « Diagonal”, Rebelion. 07-12-2006)
Les dernières années du gouvernement de Fraga en Galice [personnalité franquiste et membre du parti de droite : le parti populaire, PP] ont été marqué par une énorme agitation sociale. Tout en ayant la majorité absolue au gouvernement central, le PP en Galice a connu de grève générale (dont l’une exclusivement galicienne, à l’appel des syndicats nationalistes CIG et de l’UGT), et de mouvements d’une grande importance : celui des étudiants contre une nouvelle loi d’orientation universitaire et le mouvement des citoyens « Nunca Máis » [jamais plus] en réponse à l’absence de protection de la côte de Galice face à la circulation navires poubelles.
Après la défaite électorale du PP en Espagne et est de la personnalité absolue en Galice, le panorama est devenu tranquille et on est entré dans une étape moins agitée. Cependant grande partie des raisons qui ont poussé dans l’aveu des milliers de Galiciens et de galiciennes ont encore là, une fixation excessive sur des positions anti Fraga ont conduit une impasse, alors qu’il était considéré comme « l’un des principaux problèmes ».
Cette démobilisation importante pour les mouvements particulièrement proches du nationalisme est représentée par le BNG qui assure actuellement des responsabilités d’un gouvernement. [On remarque une absence des mouvements auparavant actifs et une criminalisation d’une organisation de jeunes. Mais] le 12 novembre, 2.000 personnes (selon les organisateurs) ont manifesté dans les rues de Santiago à l’occasion du quatrième anniversaire du Prestige. Il y a deux ans, quand Fraga était encore au pouvoir, ils étaient 10 fois plus, avec 20. 000 manifestants dans la ville (selon la police). C’est un bon exemple de la situation actuelle : « on est dans une phase de transition est encore trop tôt pour savoir comment elle va évolue [...]
1-7 L’attentat de Barajas, position de la CGT
L’évidence toujours brutale de la mort, utilisée délibérément comme démonstration de force, conditionne une fois de plus la volonté et le débat dans notre société. L’attentat de l’ETA implique la constance d’une stratégie qui reproduit en soi certains des caractères les plus dures et les plus odieux du pouvoir, en contribuant à les renforcer.
La CGT, qui lutte fermement pour les droits et les libertés au niveau individuel et collectif, convaincue que les fins sont implicites dans l’usage des moyens, veut montrer son refus de cet attentat qui nous renvoie à un scénario conditionné par le débat sur l’utilisation de la violence tout en relativisant la profondeur des problèmes dont soufre la société. La brutalité de ces morts ne nous faire pas oublier cependant la permanance d’autres comportements et actes qui conditionnent tout aussi brutalement notre présent. Dans ce sens, notre refus et notre condamnation doivent être étendus à l’action d’une droite, extrême en soi, qui prétend, à partir de son orgueil autoritaire, rétrograde et capitaliste, enterrer la vérité des milliers de détenus, exilés et assassinés par une dictature durant des décennies dont les responsables continuent à exercer le pouvoir. L’inefficacité intéressée d’une gauche qui se réfugie dans la gestion administrative de l’Etat, complètement éloignée de la réalité quotidienne de la majorité sociale. Le cynisme de certains agents sociaux profitent structurellement de la passivité et complaisance décidée par eux-mêmes. La responsabilité de certains médias exclusivement au service des intérêts du capital les soutient. L’injustice d’un système qui se nourrit de la brutalité de l’exploitation et de la répression ; des milliers de personnes qui meurent tous les tours sur les lieux de travail, sur les barbelés des frontières, dans les camps de réfugiés..., à cause de l’ambition insatiable du capital, de la violence machiste, de l’autoritarisme... La constatation de notre condamnation de l’attentat de Madrid n’oublie pas et n’élude pas la constatation de l’ensemble de responsabilités qui concourent aux graves problèmes dont nous sommes quotidiennement victimes nous tous, les travailleurs et les travailleuses. La coïncidence sinistre du fait que les victimes sont deux travailleurs d’origine indigène à des milliers de kilomètres de leur terre natale souligne chacune et toutes les brutalités et les complicités dénoncées. En fonction de tout cela nous voulons faire de notre refus de l’attentat un pari, au delà des dates et des circonstances, pour une société plus libre et égalitaire dans laquelle la bureaucratie sera remplacée par la participation, le contrôle de l’information par un débat sans limitations, l’exploitation par la partage de la richesse, l’oubli intentionné par la mémoire et la dignité de toutes les victimes. Une société où on puisse exercer et développer de façon compatible les droits et les libertés individuels avec les droits et les libertés collectifs. Sans coercition ni violences d’aucune sorte.
1- 8 internationalisme de la CGT Aveux d’un soldat israélien : "Nous traitons les Palestiniens comme des animaux"
[...] dans un café de Jaffa Road, [Jerusalem] je rencontre Yehuda Shaul, fondateur de l”ONG Breaking the Silence (rompre le silence). Tout est folie : l’occupation, la forme inhumaine dont nous traitons les Palestiniens", me dit-il. "En Israël tu entres dans l’armée à 18 ans parce que tu dois lutter contre l’ennemi de ton pays, parce que tu veux laisser ton passage dans l’histoire, et tu fais ce qu’on te dit, sans penser. Et tout t’aide à ne pas penser. Des misions à remplir, des ordres à suivre.
Et tu ne vois pas les Palestiniens comme des êtres humains, tu les vois comme des animaux. Tu entres chez eux de nuit, tu les réveilles, tu cries, les femmes d’un côté, les hommes e l’autre et tu casses tout. Tu ne ferais pas ça en Israël, mais là bas tu le fais. Et, pour pouvoir le faire, tu refuses la réalité. C’est la seule façon. Tu crées entre toi et la réalité un mur de silence.
Je te donne un exemple : si tu trouves la nuit un paquet louche pouvant être une bombe, tu appelles le premier « mohamed » qui passe dans la rue et tu lui dis de l’ouvrir. Tu pourrais appeler un démineur, ça prendrait dix minutes, mais c’est mieux qu’un Palestien risque sa vie, puisque pour toi ça t’est égal, tu ne le vois pas comme un être humain. C’est ce que je faisais avec mes soldats à Hébron. [...]
Pareil à un check point, tu les forces à attendre vachement plus que ce qu’il faut, des heures durant, et tu en prends un au hasard et tu le cognes, un sur quinze ou vingt qui passent, pour qu’ils aient peur et que tu sois tranquille. C’est comme ça qu’avec quatre soldats ou plus on les domines eux qui sont des milliers.
Et quand tu rentres à Gaza dans un tank et que tu vois une bagnole neuve, même si t’as la place tu fonces dessus. Et pareil, tu tires sur les réservoirs d’eau. Pour leur flanquer la frousse, pour qu’ils te respectent, parce que c’est la logique qu’on enseigne aux soldats israéliens. [...]
Trois mois avant de quitter l’armé, je commandais une unité à Hébron, j’avais fait une belle carrière, j’avais donc du temps libre. Un jour je me suis regardé dans la glace et j’ai compris que tout ça était une erreur et j’ai vu que je ne pouvais pas vivre comme ça sans faire quelque chose. Aussi, dès que je suis parti de l’armée, avec les soldats de mon unité, on a fait une exposition avec nos photos, ça s’appelait “Amener Hébron à Tel Aviv".
Ça a fait l’effet d’une bombe dans la société. Des parlementaires, des journalistes sont venus. Sept mille personnes sont passées. Alors nous avons crée Breaking the silence, où nous permettons aux soldats de raconter les abus commis systématiquement. Plus de 350 l’ont fait. Maintenant on a des expositions et des vidéos en Europe, en Israël.
Certains disent que ce sont des cas isolés. Les mères disent : mon fils, qui est maintenant dans l’armée, est gentil, il ne fait pas tout ça, ce n’est fait que par les soldats bédouins ou éthiopiens. Mais ce n’est pas certain. Nous tous nous faisons ça, parce que c’est la logique de l’occupation israélienne : terroriser les Palestiniens. [...]
C’est une société, en conséquence, moralement malade".
[Commentaire personnel : le travail internationaliste cégétiste touche depuis plus d’une dizaine d’années les Sarahawis et les Marocains, ainsi que les zapatistes de Chiapas, avec un fort intérêt pour la Colombie et l’Argentine.]
1-9 Résumé d’une discussion à la demande du SI de la CNT-f avec trois camarades actifs de Solidaridad Obrera (SO) sur l’initiative de cette confédération de fin 2004 d’unification du mouvement anarchosyndicaliste espagnol. C’était fin septembre 2006 et l’ensemble nous a paru très pessimiste, mais après une réécoute, plusieurs éléments sont « récupérables ».
L’initiative de réunification de la Confédération SO a été officiellement repoussée par la CNT et de fait par la CGT. Dans le Bâtiment et la Santé à Madrid, il reste deux coordinations actives qui font un travail intéressant au nom des trois confédérations (publié entant que tel par le mensuel de la CGT).
Dans la CNT, une reprise en main a eu lieu : alors qu’un congrès [de 2002 ou 2003] laissait à chaque région l’initiative de contact avec des syndicats proches, d’où des 1 mai CGT-CNT à Madrid notamment, un récent congrès oblige chaque région à décider « à l’unanimité » de contact avec des syndicats proches. « Il semble que pour la CNT le sectarisme passe avant la lutte contre le capitalisme. » Pour l’avenir, tout viendra de contact entre syndicats de différentes confédérations. Une évolution lente.
[Commentaire personnel : il est certain que les occasions perdues par les manipulations du pouvoir (affaire Scala) et le crétinisme interne (manipulation de la famille Montseny et antisyndicalisme suicidaire de jeunes situs et conseilliste provisoires, comme du côté maoiste, un des pseudo historiens actuel défenseur du franquisme). Les millions d’euros reçus par la CNT - par le biais du Patrimoine (voir les bulletins précédents) sans qu’on en voit un usage positif, ne permettent pas d’envisager un véritable changement de cette confédération.]
La question des contacts de SO avec les travailleurs étrangers a amené à la constatation du recul en ce domaine de la mobilisation des étrangers. En 1992, lorsque Lucrecia a été tuée [une dominicaine noire abattue dans un squat par un militant d’extrême droite, garde civile], SO avait beaucoup de contacts. Le problème est que SO n’a pas et ne peut pas avoir de permanents se consacrant entièrement à la question de la gestion des dossiers de régularisation des sans papiers.
Pour ce qui de la jeunesse, « si la société en général est attachée au système, les jeunes le sont encore plus. » Par rapport aux luttes syndicales, ils « sont dans un autre monde. »
SO n’a jamais cherché à avoir en priorité d’augmenter, à placer des cartes syndicales, faire du chiffre, elle attend l’adhésion de personnes convaincues, sans « ouvrir la porte à tout le monde. »
Actuellement SO participe à la « Plateforme anti M 30 [un super périphérique] environnement », aux groupes de soutien aux sans paps, et auparavant à de nombreux squats. SO a entrepris une activité culturelle de récupération et de présence de la propagande anarchiste en rééditant des livres classiques fondamentaux qui sont épuisés. En avril 2005, « El Proletariado Militante » d’Anselmo Lorenzo, en 2006 les Mémoires de Cipriano Mera, en liaison avec d’autres collectifs (voir la présentation dans ce bulletin n° 8). Pour 2007, la réédition des mémoires de García Oliver El Eco de los Pasos, avec les parties laissées de côté par Pepe Martínez de Ruedo Ibérico, est en bonne voie.
[Commentaire personnel : le manque de militants actifs dans la Confédération SO fait que des contacts naturels et indispensables entre les employés du Métro de la SAC (fort actifs ces dernières années) et les camarades de Buenos Aires sont inexistants. Il ne semble pas que du côté de la CGT - section du Métro de Barcelone -, il y ait une activité sur ce plan.]
2) Sacré pays
2-1 La Police nationale réprime une manife spontanée de voyageurs dans le Métro de Madrid. Pannes ou privatisation cachée ? (La Haine pour Kaos en la Red, 13.01.2007)
« Hier à 8 h 50 a eu lieu ce qu’on redoutait une mutinerie de voyageurs, sur la ligne circulaire n° 6, à la suite de multiples "incidences" que subissent les lignes du métro de Madrid, selon des sources de l’entreprise. D’autres personnes les qualifient de manque d’entretien, d’investissement, de baisse du budget destiné par la Communauté de Madrid au transport public. En un mot : le préparer à privatisation.
Deux pannes consécutives sur deux trains circulant en pleine heure de pointe ont causé la rébellion de centaines de voyageurs refusant d’obéir aux ordres d’évacuation des wagons lancées par les hauts parleurs. Les gardes de la sécurité ne pouvant « rétablir l’ordre », ils ont dû appeler la police anti émeutes. Plusieurs personnes ont été contusionnées.
L’entreprise et les médias font courir le bruit que la colère des voyageurs visait une prétendue mobilisation indirecte des travailleurs du métro. Selon ces sources les trains fonctionnent parfaitement, mais les travailleurs trompent les voyageurs en leur faisant croire qu’il y a des pannes, alors qu’ils font grève. Et les voyageurs se fâchent, c’est normal. [...]
[Commentaire personnel : une astuce du mensonge politique qui va certainement être reprise, comme le nombre d’étrangers comparé à celui des chômeurs de Hitler et de Le Pen, le fait que faire grève contre un gouvernement de gauche c’est être de droite (le PC en France, les partisans d’Allende au Chili, des gauchistes militaires au pouvoir au Portugal, sans compter les colonies soviétiques en 53, 56, 68 et 80.]
On n’en est pas encore aux niveaux de l’Argentine. En novembre 2005 il y a eu au moins 21 blessés et 87 arrestations près de la gare ferroviaire de Haedo, Buenos Aires, où des incidents lors d’une émeute “contre l’escroquerie des privatisations et contre la incapacité des gouvernants”, furent étouffés par une répression policière brutale. Mais on y arrivera. »
2-2 Papa et maman étaient des émigrants sans papiers. Il y a 50 ans, un traité avec la Belgique entraîna un départ en masse d’espagnols vers des pays « européens » [il y a quelques dizaines d’années, il était courant de dire « Je vais en Europe » pour « je vais en France ou en Suisse » ; et véritablement, la différence était forte] Luis Gómez, “El País” Rebelion (17.01.07).
Au moment où l’immigration nous gêne en Espagne il est bon de se regarder dans le miroir de la mémoire. Le 28 novembre dernier c’était le cinquantenaire de la signature de l’accord hispano-belge d’émigration de 1956. Ce traité a été le premier pas de l’exportation en Europe d’un peu plus de deux millions de travailleurs espagnols. Quelque temps après des accords similaires ont été établis avec l’Allemagne, la Suisse, la Hollande et la France. Une première tentative de régulation d’un flux migratoire, une réalité maintenant bien connu chez nous : les vagues de travailleurs en situations irrégulières. [...]
La Belgique avait besoin de mineurs avec une certaine urgence et, de plus, d’une main d’œuvre qui accepte des conditions de travail particulièrement dures. Elle avait signe un traité avec l’Italie en 1947 et en 1951 pour importer des travailleurs dans ses mines de charbon. Mais les conditions de travail et le taux élevé de sinistralité (il y eut jusqu’à 800 Italiens qui périrent dans les mines en moins de dix ans) entraînèrent une suspension des accords de la part de l’Italie. "Ce que le gouvernement italien refusait pour ses travailleurs, fut accepté par celui de Franco pour les Espagnols", dit une historienne Ana Fernández. [...]
Le secteur majoritaire fut celui des services domestique, occupé par près de 80 % de femmes. La majorité manquait de qualification, ayant à peine fini la primaire, et les institutions espagnoles à l’étranger ne se soucièrent guère d’améliorer leur formation. De plus, les Espagnoles étaient pratiquement condamnées à travailleur au noir. "Le travail au noir représente une économie [pour les entreprises] de charges sociales et d’impôts", remarque Ana Fernández. "Et cette stratégie s’est avérée néfaste pour ces femmes". Avec une baisse importantes de leurs retraites [par rapport aux heures de travail effectuées]] et une vulnérabilité sociale plus forte, surtout au moment du veuvage.
Nous vivons aujourd’hui tous ces avatars avec nos étrangers. 50 ans se sont écoulés, oui. Mais une partie de nos parents ont aussi été des émigrants illégaux.
3) récupération de la mémoire
3-1 Communiqué (19.12.06) Position de la CGT sur la loi de Mémoire historique
* Les positions défendues par la CGT n’apparaissent pas clairement et carrément dans la loi, comme nous pouvons le constater sur les plans suivants :
1) Réhabilitation des personnes assassinées, emprisonnées, exilés, torturées, enterrées dans des fosses communes, condamnées, traitées en esclaves, épurées idéologiquement, passant par des procédures judiciaires irrégulières d’un gouvernement illégitime et illégal ;
2) Récupération des idées défendues d’un point de vue républicain et anarchosyndicaliste face au soulèvement militaire. Idées sociales, économiques, culturelles, éducatives, organisatives qui doivent être reprises et transmises par les manuels scolaires ;
3) Récupération de documents pour connaître notre histoire dans sa totalité ;
4) Récupération de biens et de patrimoine confisqué et ensuite mal distribué.
* Cette loi de la Mémoire Historique ne condamne pas le régime franquiste et ne réhabilite pas précisément toutes les victimes de la dictature.
* C’est une loi qui a pour but l’absence de mémoire historique collective d’une société qui a lutté pour un système de libertés légalement constituées et qui réduit tout à une simple récupération de mémoires individuelles, en ignorant réellement le génocide subi par la société espagnole ayant participé à cette lutte.
* C’est une loi qui joue sur l’égalité entre victimes et bourreaux. Une loi qui, renonçant à la récupération de la mémoire historique collective, ignore que la lutte pour la défense du système démocratique n’a pas étéun processus individualisé mais social, ignore la nécessité de défendre comme venant d’un Etat de Droit les valeurs de liberté, démocratie, justice, pour qu’elles soient transmises aux établissements scolaires afin de faire partie de notre conscience collective.
* En conséquence, c’est une loi qui n’annule pas automatiquement les sentences et les procès d’exception du franquisme, qui frustre toutes les attentes de réparations de la justice, reconnaissance, recouvrement de la dignité, dette morale et matérielle dont ont besoin toutes les victimes et tous les combattants anti putschistes et antifranquistes, comme l’exigent les différentes associations, collectifs et institutions défendant les droits de l’homme.
* C’est une loi par laquelle l’Etat de Droit fait abstraction de toute responsabilité légale et juridique vis-à-vis des victimes et des combattants pour les libertés, en réduisant son action à un simple rôle d’assistance, en transmettant individuellement à chaque victime sa responsabilité pour lutter, dans un processus bureaucratique pendant un an, pour leur reconnaissance personnelle, leur réparation.
* C’est légitimer pour toujours le régime franquiste en reconnaissant ses sentences farce, en ne les condamnant pas comme une violation flagrante du droit, en ne les annulant pas, en faisant que chaque victime doive démontrer son innocence et en préservant, en tout cas, l’identité des responsables de ces sentences franquistes arbitraires.
* Las sentences franquistes représentant la répression de la lutte pour la défense de la liberté et la démocratie. Si la démocratie actuelle n’annule pas ces sentences, la démocratie s’en rend complice et les assume indirectement. Pour la CGT, ce et ceux que la dictature a condamnés, la démocratie ne peut continuer à le et les condamner.
* L’Etat se lave les mains dans le processus de localisation et d’identification de fosses communes et de victimes, en n’adoptant aucun engagement politique. C’est une loi qui n’approfondit pas la dignification des victimes et des idées qu’ils défendaient.
* Nous sommes face à une loi qui est une simple formalité et un lavage d’image de marque face à l’opinion publique et aux associations et aux collectifs pour la récupération de la mémoire, une loi qui bureaucratise toute la procédure individualisée de réparation, qui n’assume aucune des revendications que nous présentons en tant qu’Organisation avec de nombreux collectifs sociaux, associations...
En tant que CGT nous lançons un appel à la Mobilisation sociale et citoyenne face à cette loi frustrante et à un Boycot de toutes ces mesures symboliques et honorifiques présentées dans cette loi comme s’il s’agissait de simples plats de lentilles (concession de médailles, d’aides aux témoignages, présentation de demandes individualisées...).
Il faut continuer à lutter jusqu’à l’éclaircissement en profondeur de l’étape franquiste pour restaurer la vérité sur l’horreur de la dictature, pour restaurer la dignité de toutes les victimes et la dignité de leurs idées.
3-2 La “Salle militaire” du Tribunal suprême a décidé hier, par trois votes contre deux, de refuser l’autorisation de présenter un recours de révision contre la sentence qui en 1963 a condamné à mort les anarchistes Joaquín Delgado et Francisco Granado à cause de deux attentats commis à Madrid en 1963, « El País » (14.12.07). .
3-3 Sur la récupération de la mémoire historique il y a eu une initiative intéressante d’un ensemble d’enseignant d’un CES d’Anaya (banlieue de Valence) de travailler le thème à partir de plusieurs supports (écrits, visuels) et une rencontre avec trois « spécialistes » de l’émigration républicaine espagnole à l’étranger.
Nous nous sommes retrouvés le lundi 18 décembre face à une centaines de jeunes de 14 à 16 ans avec une douzaine d’enseignants (dont un certain nombre avec des grands-parents fusillés, exilés ou emprisonnés), dont la principale du CES. Rafa Maestre a évoqué l’émigration républicaine en France et ses activités culturelles et sur la mémoire historique et le force moral des émigrés. Cristina Escrivá a parlé de l’émigration intérieure, le phénomène des républicains incarcérés et réprimés en Espagne et obligés de taire leur conviction, et des avancées sur le plan de l’éducation et du féminisme. J’ai parlé du fait d’être fils d’immigré politique et de la xénophobie durant l’enfance et la jeunesse et des similitudes du phénomène dans la France et l’Espagne actuelles.
Des questions ont été posées par les ados, par moment le problème de l’émigration due à l’exode rural récent est apparu, mais les jeunes noirs présents dans la salle n’ont pas parlé. Une confrontation bien différente de celle de la soirée avec de nombreux adultes, peu de cégétistes en pourcentage parmi les 60-70 personnes, de très nombreuses questions.
Deux animations différentes mais qui soulignent une constatation faite en septembre lors des journées de la CGT, la guerre civile et la révolution sociale de 1936-1939, de même que la répression franquiste, semblent des événements extrêmement lointains par rapports aux réalités actuelles pour la majorité des personnes ayant participé aux célébrations de 2006. Pourtant, la loi sur la mémoire historique le démontre, toute la société est fondée (dans son système militaire et répressif, l’imbrication de l’Eglise dans l’Etat, les préjugés racistes et les illusions de développement social) sur une intégration de valeurs franquistes.