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CGT-e Info n° 7
jeudi 13 juillet 2006
CGT-e Info n° 7
(fin de rédaction 15.06.06)
http://www.fondation-besnard.org/article.php3?id_article=459
[Présentation et informations générales nationales, voir le N° 2]
Sommaire :
1) Analyse sociale
2) Luttes de la CGT
3) Luttes de la CNT
4) Récupération de la Mémoire :
1) Analyse sociale
Pour le congrès de la CNT de juin à Agen, le délégué de la CGT espagnole avait apporté le manifeste de la CGT pour le 8 mars 2006, fête de la femme travailleur. En voici des extraits qui montrent, par déduction, une évolution du néolibéralisme espagnol inconnu en France et simultanément une analyse de la CGT.
Les tâches quotidiennes des soins ont été réalisées dans leur grande majorité par des femmes, sans qu’elles reçoivent aucune rémunération pour cela, avec comme résultat une assignation sociale de cette responsabilité. Nous parlons des travaux nécessaires pour le maintien de la vie, sa continuité et les améliorations pour en élever la qualité. Ce travail invisible est gratuit représente 80 % du total du travail non rémunéré et les deux tiers de tout le travail effectué dans la société.
Les soins accordés aux personnes ont subi un changement qualificatif ces dernières années. Ils entrent dans une certaine mesure dans l’espace commercial, et c’est la tendance à l’emploi précaire qui l’assume. Ces emplois sont réalisés en grande partie par des femmes de l’immigration qui s’y consacrent et en vivent : ne vaudrait-il pas mieux dire qui vivotent avec la paie qu’on leur donne pour ces soins ? [...]
Le processus du travail des soins accordés aux personnes est sorti de l’espace privé et invisible. On dit que la cause réside dans le fait que nous les femmes nous avons réussi à nous introduire sur le marché du travail - et pas seulement dans des domaines considérés comme féminins - et que nous disposons donc de moins de temps libre pour les soins. C’est même une accusation, en dépit du fait que nous continuons à accorder une énorme quantité de temps et d’énergie pour cette tâche, naturellement sans rétribution, après une journée de travail, qui, elle, est partagée avec les hommes.
Face à la crise, une absurdité a été présentée sous le nom de « conciliation de la vie familiale professionnelle ». [...qui] déclare la disparition de tout comportement discriminatoire de genre et toute pénalisation pour maternité et congés pour des soins, en favorisant la participation des parents aux tâches des soins, en particulier dans le cas des enfants, [...]
Comment assurer la responsabilité sociale des soins - ce serait logique de la vie - lorsque la logique du profit maximum est appliquée ? [...] Quel meilleur exemple que le licenciement des femmes à SEAT ? [...] Nous ne devons pas oublier que « les droits ne sont pas des concessions mais le résultat des conquêtes ».
Tant que cela ne sera pas inéludible, la majorité des hommes ne demandera pas un congé de paternité ni des soins, ce seront les femmes elles-mêmes qui continueront à assumer la responsabilité des vies, tout en étant victimes du marché et de « la conciliation impossible ». [...]
« La responsabilité de la vie est donc des soins revient à la société dans son ensemble ».Elle ne doit pas être assignée exclusivement à aucun individus ou à un collectif spécifique, pas même à l’État. [...] la CGT est en faveur de la responsabilité collective, qui peut être matérialisée par tout type de regroupement où les personnes décideront de se structurer, en formant ainsi des noyaux de responsabilité autogérée auxquels nous faisons référence.
Cela ne veut pas dire affranchir l’Etat de ses responsabilités. Il doit exister un « système public et universel qui garantisse le droit de recevoir des soins et le droit de ne pas soigner. » Nous nous opposerons aux termes de l’avant-projet de la loi de « promotion de l’autonomie personnelle » dans la mesure où elle stimule les services privés, limitent l’universalité des droits en établissant le co-paiement et continue à se fonder sur la représentation des aides-soignantes familiales.
Augmenter la qualité de la vie de toutes les personnes, une fois que la responsabilité de son entretien sera assumée, doit être également un objectif de notre société. [...]
Nous voulons appeler spécialement l’attention sur la situation des « femmes handicapées », considérées comme des sujets passifs, avec des droits légaux mais non réels. Souvent se sont précisément elles qui assument le travail des soins, en dépit que leurs différences fonctionnelles entraînent de plus grandes difficultés pour atteindre ce que nous pourrions appeler une vie digne, que nous désirons pour tous et pour toutes !
« La conciliation est un mensonge. Faisons des soins de vie la responsabilité de tous et de toutes. » .
2) Luttes de la CGT
Communiqué de la CGT face a la nouvelle Reforma du Travail ...05.05.06... A-infos
Gouvernement, Patrons, Commissions et UGT consolident le modèle de flexibilité et de précarisation des rapports dans le travail : subvention des contrats et moins de cotisations des entreprises.
Depuis 1997, date de la dernière Réforme du Travail négociée par les mêmes acteurs, qui a crée le contrat de stimulation d’emploi avec un diminution des droits antérieures (33 jours d’indemnisation), jusqu’à cette nouvelle réforme revue en 2006, le marché du travail est devenu un outil de la flexibilisation et de la dérégularisation de droits du code du travail. [...]
Renforcement des avantages patronaux et subvention dune partie de leurs frais sont la clé de voûte des mesures gouvernementales approuvées par les centrales réformistes.
Face à cette situation, nous, à la CGT, nous lançons un appel pour continuer avec fermeté la mobilisation, la lutte contre la précarité et un Non catégorique à la Réforme du Travail, qui se matérialisera, entre autres actions, par la Manifestation qu’organise la CGT le 10 juin à Madrid.
MANIFESTACION CONTRE LA REFORME DU TRAVAIL, LA DIRECTIVE BOLKESTEIN, POUR LA REPARTITION DE LA RICHESSE ET POUR LES DROITS SOCIAUX.
Cette date coïncide avec une journée européenne contre la directive Bolkestein.
Le 8 juin deux camarades s’étaient accrochés avec du matériel d’alpinistes à la façade de la gare ferroviaire d’Atocha en plein Madrid pour annoncer la journée de lutte de la CGT du 10 contre la reforme du code du Travail, contre la directive Bolkestein et pour la défense des services publics.
[Madrid, 10.06.06] La CGT réunit 20.000 militants dans sa journée de lutte 11.06.06 A-Infos,
Plus de 40 autocars des différentes provinces sont arrivés pour la manife à Madrid
La Confederación General del Trabajo a réuni 20.000 militants de tout le pays pour sa Journée de Lutte du 10 juin à Madrid. Cette manifestation unifie tous les conflits que nous soutenons et toutes les causes pour lesquelles nous luttons en une manifestation unique. Partie à 18:00 de la Plaza de España, occupant toute la rue Princesa avec des pancartes et des drapeaux noirs et rouges, pour tourner par Marqués de Urquijo et déboucher sur le Paseo Camoens, la manife se transforme en un meeting, suivi d’un concert avec six groupes musicaux (Boikot, Domingo Calzado et l’ensemble Istiércol, A Palo Seko, Deshechos, The Locos et Sonotones).
Cette journée de lutte est le bilan d’un an de travail de la CGT et son point culminant. La situation actuelle nous a incité à organiser une réponse ferme de la part de tout le large spectre de la population qui ne partage pas la politique économique et sociale appliquée en ce moment et qui touche gravement les droits des travailleurs et des travailleuses. [...]
Nouvelle décision annulant les licenciements signés par SEAT, Commissions et UGT, 10.06.06 A-infos
La sentence connue aujourd’hui est que la juge du tribunal social n° 7 de Barcelone, a reçu la plainte présentée par Juan José Córdoba, licencié par SEAT suite à la signature de ERE - expediente de regulación de empleo, dossier de réglarisation d emploi, euphémisme pour « lourder » - (décidé en décembre 2005 par les syndicats Commissions, UGT et SEAT. La sentence déclare :
"Que, souscrivant la plainte déposée par JUAN JOSÉ CORDOBA, je dois déclarer et je déclare nul le licenciement dont le date d’effet est le 31 décembre 2005, en condamnant SEAT S.A. à accepter cette déclaration et, concrètement, la réadmission immédiate du travailleur avec perception des salaires qu’il a cessés de toucher."
Dans sa sentence, la juge souligne nettement que "l’entreprise n’a pas fourni de rapports d’évaluation de polyvalence et de compétences professionnelles de la personne en question, ni d’informations des cadres sur le rendement particulier de la personne ni d’autres comparaisons avec les travailleurs de même catégorie. Ces documents n’existent pas. [...]
En définitive, dans ce contexte, sans aucune preuve suffisante qui puisse écarter la motivation discriminatoire que démontre suffisamment le travailleur, il convient de déclarer la nullité du licenciement de la personne".
Cette sentence démontre ce que depuis le début ont soutenu les licenciés et la CGT : il n’y avait pas et il n’y a pas de raisons de signer le dossier de régularisation et le licenciement de 660 travailleurs et travailleuses de SEAT.
Et comme nous l’avons déjà expliqué dans des notes de presse précédentes, les licenciés de SEAT, continuent à lutter pour leur réadmission à leurs postes de travail dans les mêmes conditions et avec les mêmes droits qu’ils avaient et il exigent toujours le retrait du dossier de régularisation signé par SEAT, Commission, UGT et le gouvernement triparti de la Généralité de Catalogne.
Juanjo Córdoba, licencié de SEAT, Secrétaire Comunicación CGT Metal Baix Llobregat
Antonio Aranda, Secrétaire aux médias de Comunicación, CGT CATALUNYA
D’autres luttes continuent comme ce communiqué du 2 juin annonçant une grève le 6 dans l’entreprise d’Igualada (banlieue de Barcelone) Inoxfil s. a., de quatre jours en alternance.
Les motifs d’appel à la grève sont la revendication d’un salaire digne et un emploi libre, car on sait que l’entreprise a pris des contacts pour éviter que d autres entreprises du secteur embauchent des travailleurs de Inoxfil.
A ce comportement de la part de l entreprise, s’ajoute le fait qu’on travaille selon le service appelé américain (les samedis, les dimanches et les jours fériés) sans que l entreprise soit capable d offrir des conditions dignes et comprendre l’usure humaine, familiale et sociale qu’entraîne cette horaire.
3) Luttes de la CNT
[Barcelone] Un exemple de courage : la grève à Mercadona 12.06.06 A-infos
La section syndicale de la CNT du centre logistique de Mercadona (St. Sadurní d’Anoia) est en grève indéfinie depuis presque deux mois vu le climat de répression et de violation des droits du travail les plus élémentaires. [Voir le précédent CGT-e info ...]
La section syndicale de la CNT ne s’est pas laissée intimidée ni manipulée et a lancé un appel à une grève de 10 jours, au départ, pour exiger la réadmission de ces travailleurs [trois délégués syndicaux], l’arrêt du harcèlement sur le lieu de travail et pour négocier sur les différentes irrégularités commises quotidiennement. Cette grève a commencé le 23 mars.
Mercadona a refusé le dialogue. Des menaces de mort anonymes ont commencé contre les familles des grévistes [...] jusqu’à ce jour Mercadona continue à refuser le dialogue avec les grévistes, à harceler les travailleurs et à bafouer leurs droits. [....] La Protesta Obrera, porte parole de la fédération locale de Hospitalet de Llobregat CNT-AIT
Aujourd’hui dimanche 11 juin pendant le concert de Manu Chao et d’Amparanoia qui a lieu dans le cadre de la Fête de la Diversité à Hospitalet de Llobregat, un membre de notre syndicat est monté sur la scène, pour dénoncer la situation de harcèlement professionnel dont souffrent nos camarades de la section syndicale de la C.N.T. à Mercadona, qui sont en grève depuis 80 jours.
Nous soulignons la réponse solidaire des 2000 assistants à concert et nous remercions Manu Chao qui nous a permis de profiter de cette activité pour pouvoir diffuser le conflit des travailleurs en lutte de Marchena.
La CNT de L’Hospitalet
4) Récupération de la Mémoire
Le 17 mars 2006 le livre “La Tierra. La historia de Benalup-Casas Viejas en el siglo XX a través de la fotografía.” a été présenté publiquement à Benalup-Casas Viejas. Il est édité par l’IES - institut d’études sociales - de Casas Viejas et la Diputación de Cádiz. Des historiens, des journalistes et des personnalités assisté à ce lancement.
Ce livre, comme on l’espérait, s’est vite épuisé et vu leurs doute sur la viabilité d’une seconde édition, les auteurs ont décidé de le mettre sur internet (dans sa presque totalité en PDF) :
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D’autres célébrations ont lieu ou sont annoncées
[Catalogne] IX Marche Hommage aux maquis, 08.06.06 A-infos
9 juin à Vilanova i la Geltrú : discussion. 10 juin à Vilanova i la Geltrú : Journée consacrée à la résistance libertaire "Des maquis au présent" avec des projections, concert, buffet, récital poétique et ventes diverses.
I. U.[Izquierda Unida] dénonce que la mairie de Valence exhume les restes de personnes assassinées pendant le franquisme pour boucher une carrière à Sagunto Indymedia Barcelone 18.05.06. Il est demandée à la maire de Valence de « paralyser immédiatement les travaux où on exhume et profane les restes des républicains tués durant le franquisme en le cadre 2 de la section 7 droite du cimetière de Valence. »
Les 70 ans du massacre de paysans commis par la Garde civile à Yeste (Albacete) Rebelion, 30-05-2006
Un long article est consacré à cette tuerie du 29 mai 1936 (avant le déclanchement de la guerre civile, mais en pleine période de terrorisme de la droite phalangiste), dénoncé en première page par « Solidaridad Obrera » - quotidien de la CNT - le 3 juin avec les noms des victimes. C’est une évocation historique suivie d’une bibliographie.
“L’Arnaque de la mémoire historique”, 21.05.06, est l’éditorial de la revue anarchiste Orto, (Revista Cultural de ideas ácratas) nº 140, qui dénonce la chape de plomb entretenue par la droite et la gauche pour ne pas dénoncer les crimes franquistes dont les effets perdurent.
Des critiques déjà exprimées dans une lettre ouverte à Zapatero de Belén Meneses, 16.09.05 .
Cher camarade,
Permets-moi de m’adresser à toi, non en ta qualité de président du gouvernement espagnol, mais comme camarade de parti, avec lequel je partage un sentiment de loyauté et de justice envers tous ceux qui ont donné leur vie pour la cause républicain. Je suis convaincue, que les paroles que tu as prononcées en mai dernier en accompagnant les Espagnols survivants du camp de concentration de Mauthausen, étaient sincères et dites par quelqu’un qui sait bien ce que signifie de vivre avec le poids de l’absence d’un être cher à cause de la barbarie humaine. Recevez “mon hommage, ma reconnaissance et mon dévouement à votre cause”, c’est ainsi que tu as parlé aux anciens combattants républicains. [...]
Selon des informations parues dans la presse, le gouvernement socialiste entend lancer “un projet ambitieux qui contente les deux camps et ne serve pas à rouvrir les plaies, mais à les cicatriser", alors que l’intention initiale, d’après les propos de la vice présidente, était de "restaurer la dignité et de restituer la mémoire des personnes qui ont subi des représailles parce qu’elles avaient défendu des valeurs des valeurs des valeurs dont nous jouissons aujourd’hui comme société démocratique. [...]
A l’occasion de la modification du Code civil pour reconnaître le droit à contracter mariage aux homosexuels, tu as déclaré au Congres que nous étions “en train de construire un pays plus décent, parce qu’une société décente est celle qui n’humilie pas ses membres”. Et je te demande camarade, comment pouvons-nous construire une société décente, fondée sur l’abandon et l’indifférence envers ceux qui ont posés les bases d’un système démocratique qui constitue de nos jours notre modèle de cohabitation ? Comment peut-on appeler décent un peuple qui maintient les corps de milliers de ses citoyens enterrés dans des fosses communes, pourrissant oubliés dans les fossés et les chemins dispersés de toute notre géographie ? Comment un Etat décent entretient-il un immense monument funéraire, destiné à protéger le corps putréfié d’un dictateur et à exalter l’humanité de sa personne et à justifier sa politique de terreur et les crimes perpétrés, monument qui, comble de la moquerie, a été construit par des prisonniers politiques transformes en esclaves ? [...]