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22-23 mars : blocages, grève, manif pour nos retraites
lundi 27 mars 2023, par
En cette semaine du 20-26 mars 2023, malgré le 49-3, l’échec de la motion de censure du gouvernement et l’intensification de la répression, la mobilisation pour faire tomber la contre-réforme des retraites continue, en construisant plus frontalement le rapport de force.
Par exemple, rien que mercredi 22 et jeudi 23, la CNT Industries & Services 31 (CNT IS 31) a participé à bloquer la gare Matabiau, à faire un barrage routier filtrant au niveau du Palais de Justice, à faire un blocage routier à partir de Barrière de Paris, à faire un blocage routier à Muret, à faire grève et aux manifestations interprofessionnelles à Toulouse, Carbonne et Muret.
Mercredi 22 : blocage de la gare Matabiau
Nous avons participé au rassemblement interprofessionnel appelé à 10h devant la gare Matabiau, par l’intersyndicale cheminotes (CGT, SUD, CFDT, UNSA) et soutenu notamment par Solidaires 31, l’UD CGT 31 et l’AG interprofessionnelle de Toulouse. Après des prises de parole de différents secteurs en grève, les plus de 300 personnes présentes ont envahi la gare et les voies de train en fin de matinée afin de bloquer tous les trains. Le blocage, qui s’est fait de manière à ne pas exposer les camarades cheminot·e·s à la répression patronale, s’est déroulé sans heurt et a été levé vers 13h.
Jeudi 23 matin : barrage routier filtrant à Palais de Justice
Un appel avait été lancé mercredi soir pour une opération de barrage filtrant aux abords de la station de métro/tramway Palais de Justice à Toulouse.
L’opération débute à 7 camarades pour déployer une banderole et coller quelques poubelles pour barrer la rue. Celle-ci étant à sens unique, l’effectif était suffisant. Progressivement, d’autres personnes se joignent au groupe, composé de camarades de la FSU, de Solidaires et de la CNT, entre autres, portant le total à une trentaine de participant·es.
Le contact avec les automobilistes n’est pas toujours très cordial, certain·es ne comprenant pas cette nouvelle mobilisation alors que la loi a été validée par le gouvernement. Une camionnette a même tenté de forcer le barrage. Toutefois on a tenu bon. D’autres restent plus positifs, encourageant même le blocage. Des lycéens de Berthelot viennent nous donner un coup de main, l’établissement étant bloqué. Au début, on n’a pas été trop dérangé·es par les keufs municipaux, plutôt occupés par les voitures stationnées sur la voie de bus. La police nationale arrive aux alentours de 9h15, pour s’occuper d’une baston dans le métro, mais aussi pour surveiller le blocage en attendant l’arrivée des CRS. De notre côté, ça ne bouge pas tout de suite. Les casqués arrivent quelques minutes après. Le point de blocage est levé vers 9h45 sans dommage.
Jeudi 23 matin : blocage routier à partir de Barrière de Paris
Un "blocage contre la vie chère" avait été organisé à 6h au métro Barrière de Paris à Toulouse, à l’appel de l’Assemblée d’Action Autonome.
Environ 200 personnes étaient présentes avec un trajet qui avait été décidé en avance.
En cheminant de rond-point en rond-point, des feux de poubelles sont allumés sur les routes pour bloquer la circulation.
Les flics ont lancé des lacrymos au début mais ensuite le cortège a été trop mobile pour eux.
Avant le dernier rond-point les militant·es sont rabattu·es dans une rue parallèle.
Beaucoup de camarades ont voulu continuer l’action vers le site Enedis mais se sont heurté·es à la répression des flics. Le bilan est lourd avec 17 personnes interpellées dont un camarade de la CNT IS 31 et deux de SUD éducation 31.
Plus de 100 personnes viendront le soir même, devant le commissariat central de Toulouse, au 1er rassemblement de soutien à toutes les personnes mises en garde à vue ce jour là. Un 2e rassemblement aura lieu le lendemain, à l’appel de la CNT IS 31 et d’une dizaine d’autres organisations, de 7h du matin au milieu d’après-midi.
Finalement, les 17 personnes interpellées jeudi matin seront toutes libérées, sans poursuites, au cours de la journée de vendredi.
Jeudi 23 après-midi : manifestation toulousaine pour nos retraites : Macron allume la mèche !
Mercredi 22, Macron nous a gratifié d’un discours dont lui seul en est capable. L’arrogance de son personnage, ses certitudes, sa fierté n’ont déjà plus de secret pour nous. La réponse ne s’est pas faite attendre.
Jeudi 23, c’était plus de 150 000 personnes qui s’étaient assemblées dans les rues de Toulouse. À chaque sortie, le gouvernement augmente le contingent de mécontent·es qui, non seulement, ne se retrouvent vraiment plus dans ce projet social dont on nous rebat les oreilles depuis des décennies, pour nous dire qu’il faut le sauver tout en le défonçant jour après jour, loi scélérate après loi scélérate. Avant l’utilisation du cheat code 49.3, le gouvernement avait bien pris soin de ne pas trop montrer son visage répressif. Peu de keufs aux alentours du cortège et un contact presque bienveillant. Depuis l’adoption de la loi, un changement de braquet s’est opéré. Le camion à eau reprend du service et l’armada policière s’est vu décuplée aux alentours de la ville, disséminée en check-points sur les ponts enjambant la Garonne.
La tension monte au cours du trajet vers Jean Jaurès. Quelques échos font état d’un cordon de keufs postés à Jeanne d’Arc en train de réprimer les camarades en tête de cortège. L’info n’est pas encore dans nos têtes qu’arrivé·es à proximité, l’air est envahi d’odeur de lacrymos. Dès lors tout s’enchaîne, une poubelle est mise à feu entre le cordon de flics et nous, dégageant une noire fumée dans le ciel toulousain. L’ambiance, déjà tendue, monte crescendo et la confrontation paraît imminente. Le temps de s’en rendre compte que d’autres lacrymos crèvent le cortège, faisant refluer tout le monde sur le boulevard en direction de Compans-Caffarelli. Sur le chemin de retour, les vitrines de compagnies d’assurances font les frais de cette frustration. Mais la pression des flics ne s’arrête pas là et le cordon continue sa marche en avant funèbre. Au niveau de la cité administrative, quelques bagnoles de flics arrivent en sens inverse mais là, la pression du cortège est telle qu’elles font demi-tour en essuyant quelques jets de bouteille. Boulevard Duportal, les grilles du chantier de l’ancienne cité adminstrative sont traînées sur la chaussée pour monter des barricades. Le cortège se disloque dans les rues de la ville et part en manifestation sauvage vers le vieux centre.
Jeudi 23 : ailleurs dans l’agglomération
Dans le muretain, la journée a commencé avec le blocage d’un rond-point devant les laboratoires de cosmétiques Pierre Fabre, suivi d’une manifestation à Carbonne à 10h30 rassemblant plus de 150 personnes. Sur les coups de 14h30, un cortège déterminé d’une trentaine d’élèves et enseignant·es est parti du lycée Aragon de Muret, avec les pancartes confectionnées sur le parvis, pour rejoindre le départ de la manifestation aux allées Niel qui a rassemblé plus de 5 000 personnes.
Pour la suite, faisons que la mèche se consume jusqu’au bout !
Macron a allumé la mèche mais, cette fois-ci, le pétard risque de lui exploser dans les doigts. La mobilisation a franchi un palier ce jeudi 23 mars 2023. L’affluence sur les piquets de grève, les blocages, les manifs ont démontré que les travailleur·euses étaient bien déterminé·es à ne plus se laisser faire par un gouvernement et, surtout, un président qui, non seulement, les ignore depuis huit ans, mais les méprise du haut de sa caste de riches. Un président qui parle de dialogue, mais qui musèle un parlement réduit à une chambre d’enregistrement, qui n’hésite pas à envoyer une milice dévouée pour mater une contestation beaucoup plus légitime que ne le sera jamais son élection et sa république.
Aussi, pour continuer et rendre cette lutte plus efficiente, il est impératif de maintenir cette pression sur les institutions, sur la vie économique, de reprendre le contrôle de notre temps, de ce qui, finalement, nous est dû. Chacun·e de nous doit aller chercher l’information sur les points de lutte potentiels, s’organiser et surtout ne pas se résigner à penser que la validation de cette loi par l’Etat est une fin en soi. Toutes les avancées sociales ayant eu lieu en dehors du cadre légal républicain, il ne tient qu’à nous d’aller les chercher et d’enfin devenir pro-actif·ves.
Rendez-vous tous les jours et jusqu’au retrait de la contre-réforme, sur les piquets de grève, sur les points de blocage économique, et mardi 28 mars prochain en manifestation, à l’occasion de la prochaine journée de grève appelée par l’intersyndicale inteprofessionnelle nationale.
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